La puissance d'être
Laissons pudiquement à vos intimes les bonheurs et vœux qu’il leur appartient de vous souhaiter. Nous ne sommes pas des devins. Heureusement. Nous y perdrions en enchantement. De notre petit poste d’observation du monde qu’est le journalisme, le regard s’attarde sur l’année écoulée. Je garde en mémoire la force lumineuse du Printemps arabe avec notamment le courage éblouissant et tenace du peuple syrien. La joyeuse saveur internationale du mouvement des Indignés soulignant l'évidente puissance d’être de celles et ceux qui constituent 99% de la population. La belle surprise des révoltes de citoyen-nes chinois, paysans ou urbains s’érigeant, au péril de leur peu de liberté, contre la dictature et la corruption de la nomenklatura communiste. Plus près de nous, l’entêtement du docteur Irène Frachon, bataillant contre la censure pour faire savoir les dangers mortels du Médiator. La mobilisation rapide, efficace et victorieuse contre l’exploitation du gaz de schiste. Autant d’éclats, de pépites de ce que les femmes et les hommes attaché(e)s à un destin commun sont capables de mettre en mouvement.
Il y eut aussi l’eau tiède du sommet climatique de Durban moins médiatisé que celui de Copenhague mais tout aussi vain. Deux degrés minimum de réchauffement moyen, c’est énorme. On n’a pas fini d’en rapporter les conséquences dans ces colonnes. La poursuite des délits de faciès et des expulsions de femmes, d’hommes, d’enfants dont le seul crime est d’être étranger. Une honte. La vraie crise de l’euro et la tartufferie des agences de notation s’emparant intellectuellement des gouvernants européens jusqu’à déclencher en France, dans la classe politique tous bords confondus, un pitoyable concours de rigueur.
De notre petit poste, nous savons aussi qu’il n’y a pas de leçon à donner. Pas de chemin tracé qui serait juste. Par contre, nous croyons au partage d’idées, de révoltes, de cris, de beauté, de solidarité, d’amour, d’alternatives aux impasses dans lesquelles notre société s’englue et s’abîme. Nous croyons à la cohérence entre la pensée et les actes. A sa force solaire, festive, jouissive. C’est ce qui nous a réuni et conduit à créer Global. Et me porte à vous souhaiter la force de rester vous-même en 2012.