Esthétique et fondamental
Un édito de temps en temps. Quand il se justifie. Sinon, pourquoi pérorer, ici, sur du factuel, quand on s’inscrit dans le slow. On vous a donc épargné nos commentaires sur l’insipide campagne présidentielle – en ce qu’elle a évité avec soin les sujets de fond ; le pitoyable concours de pères la rigueur que se sont imposés les prétendants ; le téléthon convenu du second tour et son cortège de (mauvais) remakes ; la laborieuse inscription des passations de pouvoirs dans la geste républicaine (c’est quand même la moindre des choses que d’être républicain en République).
On aurait pu vous inviter à lire notre dossier sur l’état des libertés en France : vous l’avez fait par milliers et nous espérons qu’il a alimenté vos débats du premier tour. Idem pour ce très instructif montage photos sur l’esthétique des droites françaises. Ou sur cette manipulation d’information pour cacher le financement public de trajets ferrés de déchets nucléaires dont, étrangement, les écologistes ne se sont pas emparés ; est-ce par ce que leurs élus franciliens de l’époque se sont fait roulés dans la farine du Grenelle ? Vous avez remarqué l’arrivée de la revue de presse européenne en partenariat avec Aligre FM, ainsi que l’appel à des Etats généraux agricoles d’Isabelle Autissier et Serge Orru, respectivement présidente et directeur du WWF-France. Les réflexions de Geneviève Fraisse et celles de Laurent Gervereau. Vous avez cliqué, nombreux, sur les coulisses du sommet de Durban et sur Fukushima made in France. Sur les portfolios de Nathalie Tufenkjian et de João Luiz Bulcao. Vous vous attardez régulièrement Du côté de chez Sam.
Aujourd’hui, dans ce magazine de plus en plus dense - où les dossiers ne sont jamais refermés, toujours enrichis- l’art contemporain éclaire la part postcoloniale de notre société. La coïncidence du sujet avec le maladroit hommage présidentiel à Jules Ferry – certes, père de l’école publique et obligatoire, mais aussi fervent suppôt du colonialisme et raciste déclaré- souligne d’une part, l’enracinement profond des stigmates colonialistes dans la société contemporaine, d’autre part leurs gènes communs avec l’idéologie occidentale du progrès. Au nom de ce dernier, au XIXe siècle, il appartenait aux Blancs - seuls détenteurs du savoir digne de ce nom - d’éclairer le monde de leur intelligence. Ce patrimoine génétique explique en partie la perpétuation postcoloniale au XXIe siècle et la confusion mentale des toujours tenants d’un progrès associé, confondu, fondu à la croissance économique. L’autre raison de la résurgence coloniale baignant dans les blessures transmises aux générations suivantes, mieux que l’histoire à l’école publique ou privée. Un questionnement esthétique bienvenu dans l’arène des législatives.
Notre nouveau rendez-vous géopolitique est dans le Cône sud latino-américain, avec le peuple Mapuche qui depuis 500 ans résiste à la colonisation. Vous attendent aussi, tous les autres rendez-vous du journal qui vous sont désormais familiers. GLOBALmagazine, comme une habitude.