Dégonfler le Michelin !

Le Guide Mi­che­lin a pris l'habi­tude d'annoncer le déclasse­ment des res­taurants étoilés que­lques jours avant l’annonce des nouve­aux pro­mus : Guy Savoy, il y a deux ans, aujourd'hui Georges Blanc à Vonnas...  Un Club de gas­tronomes – Les Amis de Be­r­choux – (1) a décidé de lancer un « appel auprès de tous ceux – cuisiniers, amate­urs, gourmets – qui dénoncent ce genre de pratiques obscuranti­stes et rétrogrades, et stigmatisent les ex­clus d’un classe­ment fondé sur des critères inconnus et fluctuants ». Appel à tous ceux qui ne se re­connaissent pas dans la démarche du « Tri­bunal Mi­che­lin, ses procédures secrètes, non contradi­cto­ires et sans appel, afin de réunir dans un grand mo­ment festif tous les recalés de l’année et leurs amis ».

Leur démarche fait songer au pre­mier diner des « aute­urs sifflés », au Café Riche, à Paris, le 14 avril 1874, qu’Edmond de Goncourt consigne dans son Journal : « Diner chez Riche avec Flaubert, Zola, To­urgueniev, Al­phonse Daudet. Un diner de gens de talent qui s’estiment – et que nous vo­udri­ons faire mensuel les hivers pro­chains. » Le club des cinq dont no­mbre des écrits et pièces de théâtre étaient hués, avait alors choisi la gas­trono­mie comme support de leurs échanges littéraires.

Le diner des recalés

« Un Dîner des Recalés du Guide Rouge aurait un énorme po­tentiel !  - confie les Amis de Be­r­choux - Imaginez une soirée où les chefs déchus, loin des pro­jecte­urs guindés du Mi­che­lin, se réuniraient pour célébrer leur cuisine sans pre­ssion ste­llaire.

L’entrée en scène des chefs, un défilé en tablier noiren ho­mmage à leur exécution sy­mbo­lique par le Mi­che­lin, se­rait suivie par une cérémonie de re­mise du Macaron de l’indépendance, distinguant ce­lles et ceux qui osent re­vendi­quer leur liberté face aux caprices du Guide.

Le menu ? Des plats concoctés sans obse­ssion pour l’émulsion parfaite ou la découpe mi­l­limétrée, se­rvis dans une ambi­ance décontractée où le seul critère se­rait le plaisir des convives. Les agapes annue­lles se­raient préparées à tour de rôle chez les uns et les autres, pour célébrer les nouve­aux martyrs du Guide. »

Si cette fronde prend de l’am­pleur, il y a de quoi faire tre­m­bler la forte­re­sse Mi­che­lin. Après tout, sans les chefs, un guide gas­trono­mique n’est qu’un bo­ttin bien relié. Qui sait ? Peut-être qu’en vo­yant ces recalés rire, trin­quer et cuisiner sans crainte du coupe­ret, le Mi­che­lin se rendra co­mpte qu’il a plus à perdre que ces chefs qu’il sancti­onne...

Pour les chefs et vo­lontaires de la bonne chère dési­rant joindre Les Amis de Be­r­choux écrire au journal qui transmet­tra (redaction [at] globalmagazine.​fr)

 

(1) Joseph Be­r­choux (1760-1838) poète, humori­ste et gas­tronome, inventeur du mot « gas­trono­mie ».

 

 

 

 

 

 

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